« Splendide famille. Le père, un gars flamand, simple, robuste – la mère profondément religieuse. Les enfants tous débordants de vie. Ils ont un tel courage, pour braver les Français avec leur conviction religieuse. »
Ainsi parlait le père jésuite Frans Van den Brande, l’un des aumôniers des paysans flamands du Nord de la France dans l’entre-deux-guerres. Son activité avait un objectif simple: s’assurer que les émigrés belges restassent catholiques et flamands. L’initiative n’était pas neuve. Elle s’inscrivait dans une longue tradition de l’église belge de continuer à se préoccuper du sort de leurs paroissiens qui avaient choisi d’émigrer en France.
Ce qui avait commencé comme un simple encadrement religieux pour les émigrés vivant désormais à Paris ou dans la banlieue industrielle de Lille, s’étendit après la Grande Guerre, aux régions rurales du Nord de la France. Le fondement de cet engagement était une méfiance profonde vis-à-vis du pays d’accueil.
Rester catholique en France explore la nature et l’effet de ces initiatives sur la toile de fond de la riche histoire de la migration belge en France. Cette histoire sonne à la fois étonnante et familière, révolue et pourtant pertinente dans le débat actuel sur l’immigration. Ce travail illustre clairement comment l’étrangeté est perçue à partir de différences minimes, mais surtout comment une identité des migrants trouve forme à partir des interactions entre pays d’origine et pays de destination.