Une baignoire des plus classiques. Quelqu'un allongé à bord, parfois habillé d'une manière très simple, parfois tout succinctement vêtu, méditant tranquillement, les yeux fermés, avec le sentiment de pertinence miraculeuse que procure la pensée qu'il n'est nul besoin d'exprimer. Lorsque ce dernier, pour quelle raison ? – obscure raison –, commença à passer ses après-midi dans la salle de bain, il ne comptait pas s'y installer.
Commençant dans l'immobilité d'une salle de bain et se terminant de façon à peu près identique ce roman fait évoluer le héros et Edmonsson de Paris à Venise et de Venise à Paris au rythme d'aventures peu courantes et selon la structure que Jean-Philippe Toussaint appelle celle du triangle rectangle.
“ Je ne sais si par rapport à la structure du cercle, celle du triangle rectangle apporte réellement quelque chose de neuf. À mon avis rien de très. Sauf que cela détourne absolument de la structure du cercle, à laquelle je ne tiens pas à cause du sempiternel éternel retour. L'éternité c'est long disait Woody Allen, surtout à la fin. ”
L'humour qui sous-tend ce roman ne devrait pas être la seule raison qu'on aurait de l'aimer. Si le héros par son allure comme par sa situation n'est pas sans rappeler les personnages beckettiens et s'il a des points communs avec la course folle de Loujine dans l'ouvrage de Nabokov, Jean-Philippe Toussaint par son écriture ouvre à un monde nouveau qui viendrait parfois en contrepoint des déambulations de Georges Chave dans Cherokee.